» Il y a un joli soleil ce matin.
Le long de l’allée centrale du parc Juliana, deux dames sont assises sur un banc.
Elles échangent au sujet de tout, de rien.
Et comme dans presque toutes les conversations, l’ultime question !
Approchons pour les écouter, voulez-vous …
– Vous faites quoi dans la vie ?
– Moi ??? …
Je couds. Enfin, je recouds.
– Et quel genre de tissus, de vêtements ?
– Rien de tout ça ! Je recouds des ailes.
– Des ailes ? Mais que me dites-vous là ?
– Regardez …
J’ai des fils de toutes les couleurs.
Il y a la couleur patience, la couleur estime, respect … Il y a la couleur tendresse, écoute, bienveillance …
Aussi la couleur humilité et … amour.
Cette dernière couleur est essentielle.
– Je ne comprends rien …
– C’est pourtant simple.
Je recouds les ailes abîmées de l’enfance en devenir.
C’est mon métier et point par point, je m’applique afin que chaque enfant puisse s’envoler.
Cependant, il me reste encore une couleur à me procurer …
– Ah bon ?
Il me semble pourtant que vous ayez un bel assortiment !
– Oui, oui, c’est pas si mal mais …
Les ailes ont beau être recousues encore faut-il que chaque enfant ait envie de s’envoler, envie d’apprendre pour grandir et trouver sa route.
– Je sais la couleur qu’il vous faut !
Celle … du SENS, pardi !!!
Voilà celle qui pourra motiver l’envol.
– Mais bien, sûr !!!
Comment déployer ses ailes si l’on ne sait pas où aller ?
C’est le SENS qui donne l’envie d’apprendre, d’évoluer, d’avancer.
C’est le SENS qui donne l’envie de VIVRE !
– Dites donc …
Quelle enthousiasme, je vois là !
Vous savez où trouver cette couleur de bobine de fil ?
– J’irai la chercher au bout du monde s’il le faut.
Et … j’ai ma petite idée.
– Vous faites quand même un drôle de métier, hein ?!
– Peut-être …
Mais je l’ai choisi et c’est le plus beau métier du monde
Les deux dames se sourirent d’un air complice.
L’assortiment des bobines de fil sera désormais complet. »
Karine Van Wittenberge, éducatrice à « La Famille J. Bernaert »